Après ces deux journées bloquées à Copacabana, nous avons décidé d’avancer, puisque que mon état de santé s’était amélioré. Direction le Pérou!
Et là, l’erreur de junior : j’avais retrouvé un peu d’appétit, et commençant déjà à être un peu déshydratée, je me suis ruée sur un jus d’orange frais au petit déjeuner. La sentence ne s’est pas faite attendre : le trajet en bus a été particulièrement long et douloureux.
Heureusement le bus était bien équipé.
En revanche, j’ai choisi d’enfreindre la règle absolue des bus en Amérique du Sud quant à l’utilisation des toilettes à bord : « solo urinario ». Parfois on n’a pas le choix.
Ah ça c’est sûr, j’ai eu meilleure mine...
Mais cela n’a pas entamé le moral des troupes… nos neurones en revanche c’est une autre histoire.
Petit éclair de lucidité quand même : nous devions nous arrêter à Puno, mais à l’arrivée ce que nous avons vu de la ville ne nous a pas emballées, et surtout je me suis dit qu’une ville sans hôpital n’était pas forcément le plus malin. Non pas que je me sois trouvée à l’article de la mort, mais malade depuis plus de 4 jours, il fallait sérieusement penser à prendre les choses en main.
Le confort d’une nuit dans un lit douillet n’a malheureusement pas remis mon estomac en place
et dès le lendemain matin c’est laborieusement que je me suis rendue au centre médical recommandé par mon assurance.
J’y ai été hyper bien accueillie, et encore une fois heureusement que j’ai pris ces cours d’espagnol à mon arrivée en Argentine ! Le médecin ne parlait pas un mot d’anglais et j’ai été la première surprise de réussir à lui expliquer mes symptômes et à comprendre son diagnostic et le traitement. Bon en soi rien d’incroyable, juste une intoxication alimentaire (même si on ne peut jamais être sûr à 100%) qui a mal tourné : pas faim = corps plus faible = encore plus malade = encore moins faim, etc, etc.
Je suis donc repartie avec les bras chargés d’antibiotiques, d’anti douleur pour le ventre, d’une espèce de plâtre à boire pour protéger mon estomac et surtout de boissons réhydratantes, puisque c’était là le point le plus inquiétant. Amande j’ai bien sûr repensé au jour où tu es revenue déconfite de chez le médecin à Angougou avec deux énormes sacs plastiques remplis à ras bord de médocs.
Ah ! et aussi chez le médecin petit choc sur la balance : en moins de 3 semaines (je m’étais pesée sur le marché en Bolivie –je vous vois venir : non, pas sur les balances du bétail ou des fruits et légumes, seulement sur un pèse personne qu’une petite dame faisait payer à l’entrée du marché… la Bolivie quoi) j’avais perdu près de 6kg. Gloups. Un peu flippant, d’autant que les jours avant de consulter je m’étais vu fondre à vue d’œil, et à chaque fois que je passais devant un miroir je voyais mes joues se creuser de plus en plus. Et même si j’étais bien contente de perdre tout ce que j’avais pris en Asie et en Nouvelle Zélande, cet amaigrissement allait beaucoup trop vite à mon goût. Enfin c’est un lointain souvenir, les empanadas et sodas colombiens ont bien joué leur rôle.
Les antibiotiques ne faisant pas effet immédiatement, nous avons eu quelques jours pour visiter Arequipa, très jolie petite ville péruvienne, avec des beaux bâtiments blancs et gris clairs, un grand ciel bleu, et les montagnes tout autour.
Nous avons passé un peu de temps au marché… pas encore vraiment inspirée par toute cette nourriture…
le fameux maïs violet :
et dans un ancien couvent de la taille d’un petit village : couleurs magnifiques et calme absolu en plein cœur de la ville… un vrai moment de relaxation (oh ça va, ce n’est pas parce que je n’ai pas travaillé depuis 11 mois que je n’ai pas le droit de me relaxer !)
Petit choc culturel après un mois en Bolivie : le Pérou est étrangement plus occidentalisé que la Bolivie. S’il reste des petits stands de rue, les grandes enseignes (McDo & Co) sont bien présentes et il y a même des centres commerciaux avec des vraies boutiques à l’intérieur et pas seulement des petits cabanons façon marché de rue.
Et puis le médecin m’avait dit de manger, quitte à me forcer, pour reprendre des forces. Nous avons trouvé un petit resto dans lequel nous sommes retournées tous les jours et qui faisaient de délicieuses tourtes au poulet,
ainsi que des causas (sortes de salades entre deux couches de purée de pomme de terre… un pur délice) et des supers gâteaux et tartes.
A ce stade, chaque bouchée était encore un supplice pour moi… contrairement à Miranda qui trouvait son bonheur à chaque fois.
Pour ma part, c'est bien sûr uniquement ce qui m'était interdit qui me faisait envie : sodas, bonbons et fruits frais!
Nous sommes ensuite parties à la découverte de l’attraction touristique de la région : le Colca Canyon. Nous avons pris un tour, mais nous avons découvert plus tard, au hasard de nos rencontres, que nous aurions pu nous en passer.
Mais nous avions un super guide, Vladimir, et le jeune couple d’anglais qui était avec nous était sympa, même s’ils nous prenaient pour des mamies. Je cite : « à 32 ans vous faites encore des randos en montagne, c’est vachement bien ! ». Oui, c’est ça.
Pour cette nouvelle aventure, nous avons mis le paquet en termes de tenues.
Ambiance Indiana Jones pour moi, avec un chapeau qui avait subi près de 10 mois de sac à dos
et Méga Gringo pour Miranda, avec l’appareil photo en bandoulière, le porte bouteille et les sacs plastiques accrochés au sac à dos.
Autant dire que nous n’étions pas parties que ça gloussait déjà un maximum.
Pourtant je ne tenais toujours pas une forme olympique, et chaque moment de répit était le bienvenu.
3 supers journées donc, avec au programme :
- observation de condors
- descente du canyon
- nuit dans une pension tenue par une famille, à plus de 3h de marche de tout village/commerce. C’est incroyable les miracles culinaires que l’on peut faire avec une cuisine aussi rudimentaire…
- observation des cochons d’inde vivants… avant d’être cuits et mangés. Si si, là bas c’est un mets très populaire, pas un animal de compagnie (le fameux « cuy », que je n’ai pas encore goûté) !
- marche jusqu’à une oasis,
avec en chemin cueillette des fruits du Colca cactus : un goût de kiwi, un peu plus acide, délicieux ! Mais à magner avec précaution, c’est bel et bien un cactus, avec toutes les aiguilles qui vont bien !
et bien sûr un panorama incroyable
- en bas la récompense : piscine,
bungalows super conforts (enfin très rudimentaires mais au bout d’un moment les critères évoluent !),
jeux de cartes avec un groupe rencontré en chemin, mais sans guide (Rohan, Ryan, Rob et Lusia : trop sympas) - on notera mon petit air concentré… je m’apprêtais sans doute à faire un coup bas !
super dîner avec la recette star de notre guide : agneau grillé à l’ananas, avec sauce colca/orange/oignons… de la grande cuisine au milieu des montagnes, un régal absolu !
et soirée à discuter autour d’un feu de joie… les bonheurs simples de la vie au grand air.
- et enfin le lendemain, l’ascension que tout le monde redoutait : que de la montée! Le petit chemin en zigzag, là:
Et à partir de 5h30 du matin : donc départ à la frontale… aïe aïe aïe souvenirs douloureux du Huayna Potosi, mais avec un beau lever de soleil en compensation.
Et au final, même si cela a été un peu dur, il n’y avait pas le handicap de l’altitude (maximum 4000m et quelques… du pipi de chat désormais !), et tel un raton laveur volant (Miranda disait de mon leggins rayé qu'il s'agissait d'un costume de raton laveur), je suis montée en 1h30, distançant de plus de 20 minutes nos jeunes anglais frétillants. Na !
Ouf, j’avais enfin retrouvé la pêche !!
Pour Miranda, qui s’était blessée à la jambe ça a été un peu moins glorieux mais beaucoup plus drôle pour nous : elle a fait plus de la moitié de la montée à dos de mule !!
Sur la route du retour nous avons pu apercevoir des terrasses incas, restes de leurs techniques de culture ultra sophistiquées
et le lama a l’air le plus idiot du monde. C’est un peu difficile à décrire, mais tout, dans son attitude, lui donnait un air complètement ridicule. Bon, je partage car ça nous a fait marrer plusieurs jours, mais j’ai bien conscience que pour vous qui me lisez c’est sans doute beaucoup moins hilarant…
Voilà voilà… c’était l’histoire du lama.
Prochain article : Cusco, la Vallée Sacrée et le Machu Picchu !