Ca y est, un grand rêve de réalisé : j’ai pris le Transsibérien !
Le trajet que j’emprunte est plus précisément le Transmongolien, puisque je vais de Moscou à Pékin, en passant par Oulan-Bator en Mongolie. Le tout en plusieurs étapes durant les prochaines semaines.
Ce premier tronçon, de Moscou à Irkustk, au cœur de la Sibérie, aura duré 87h : j’ai parcouru très exactement 5185km durant ces 4nuits et presque 4 jours, et traversé 5 fuseaux horaires.
Quand il est midi en France il est donc déjà 17h pour moi.
Un article un peu long, mais tout me semble tellement exotique que j’ai envie de tout raconter !
Les compartiments 2ème classe où je me trouve peuvent accueillir 4 personnes : chacun sa couchette avec une table et suffisamment de rangements pour tout le monde.
J’ai encore une fois choisi une couchette haute mais je ne regrette pas car il semble entendu que les couchettes basses sont à dispo de tous les occupants du compartiment pour s’asseoir, que la personne ait envie de dormir ou non…
Confort assez sommaire, mais, mis à part les toilettes (voir plus bas), c’est hyper propre et presque cosy (oui je sais, en voyage mon échelle du confort est un peu revue à la baisse !)
Les commodités donc, se résument à 2 petites pièces de toilettes par wagon (no comment sur la propreté, l’odeur des lieux, etc) qui peuvent pour les plus téméraires servir de douche, grâce à un trou d’évacuation dans le sol. Un mini lavabo permet de « faire sa toilette ».
Mais tout le monde essaie de jouer le jeu et on croise toute la journée des voyageurs avec sur l’épaule le petit torchon fournit en plus des draps avec la couchette, et qui fait office de serviette de toilette.
Ah oui, on peut aussi faire sa petite vaisselle dans le mini lavabo.
Il y a aussi un samovar en libre service : c’est un gros réservoir d’au bouillante, dont on se sert pour le thé, le café soluble, les soupes lyophilisées, et autres bols de nouilles du même type, et pour moi un petit sachet de purée mousline sauvé de mon déménagement, et que, Elvire c’est pour toi si tu me lis, j’ai énormément apprécié ;)
La maîtresse des lieux de chaque wagon est la provodnista : tour à tour contrôleuse des billets, distributrice des draps, garante du confort de tous et du bon fonctionnement du wagon, la mienne était trop gentille, hyper avenante avec moi. Bien sûr nous ne nous comprenions pas par les mots, mais aux arrêts je lui demandais de montrer sur ma montre (que je ne quitte pas Béren) à quelle heure je devais remonter et elle me conseillait sur les plaquettes de chocolat que je pouvais lui acheter dans sa petite cabine. Visiblement ce n’est pas le cas de toutes.
J’ai de la chance, elle m’a adoptée ! Sans doute aussi parce que je voyage seule, ça aide beaucoup pour ce genre de petites choses…
Et puis elle soignait vraiment son wagon : elle nettoyait comme elle pouvait les toilettes, passait l’aspirateur partout une fois par jour (il y a des tapis au sol), arrangeait les rideaux, et toujours avec le sourire.
Mes compagnons de route ont été assez folklo… ou sans doute est-ce juste de mon point de vue de petite française, car en réalité je crois qu’ils étaient tout ce qu’il y a de plus normal pour un voyage au cœur de la Russie.
Je pensais n’être qu’avec des touristes, mais à ma grande et bonne surprise je me suis retrouvée parmi les Russes… dépaysement total, c’était top !
> il y a eu tout d’abord mes compagnons de compartiment :
- certains ce sont succédés :1ère journée avec un couple et un bébé (ils m’ont quasi forcée à partager leur repas, c’est la tradition…), 2ème nuit avec 2 business men du cru
-d’autres sont restés plus longtemps :
. Igor a fait comme moi Moscou-Irkustsk (au bout de 2 jours seulement il a sorti les 2 mots qu’il connaissait… assez timide et réservé il a été mon « regard ami » pendant tout le trajet, la trentaine je pense, un peu ours, mais gentil, à toujours s’inquiéter de comment j’allais, hyper discret, c’est lui qui me disait le nom des gares où le train s’arrêtait) . Valéry Sergueivsky , la cinquantaine qui nous a rejoint lundi aprem (plus loquace, mais avec son anglais limité et mon absence de russe ce n’était pas simple… tradition oblige il m’a fait goûter plein de choses dans ses provisions, et s’il a compris que je voyageais seule pour un an autours du monde, je crois que le concept l’a un peu dépassé)
. et puis Alexis, arrivé en trombe dans la cabine lundi soir –un gros molosse qui s’est révélé être plus un gros nounours qu’autre chose, et même si nous n’avons pas parlé … pas toujours facile de briser la glace… il a fait l’unanimité dans le compartiment en apportant son ordi et en mettant à fond une série qui visiblement était très drôle !... c’est tombé à point nommé pour Igor, qui après avoir lu en détail toute la brochure du train s’apprêtait à attaquer pour la 3ème fois consécutive la lecture de son livre de poche.)
Je ne regrette pas du tout de ne pas avoir vécu l’expérience que j’avais pu lire sur les différents blogs : des wagons avec plein de nationalités qui s’échangent des tonnes de bouffe de chez eux et se retrouvent en chemin.
A défaut d’avoir dormi chez l’habitant en Russie j’ai l’impression d’avoir partagé durant ces quelques jours de vraies tranches de vie. Même si nos échanges se sont limités à regarder sur une carte d’où on venait et où on allait, je me suis attachée à eux.
> et puis dans le wagon, il y avait ces têtes familières au bout de quelques jours : un couple avec leur fillette de 9-10 ans, un jeune papa avec son fils, et Sonia et Freddy ( ?) les Suisses-allemands, la cinquantaine, arrivés lundi, et plus loin dans le train Aurélie et Myriam les 2 françaises que je recroiserai peut-être en chemin, nos itinéraires sont très proches.
Dans le train, tout le monde est habillé ultra confort : les gens se changent tous à leur arrivée, pour enfiler généralement un short ou un jogging, un T-shirt et des espèces de claquettes en plastique (avec ou sans chaussette, selon la sensibilité de chacun au froid et/ou au style).
Bref on était tous canons, on aurait pu tourner une pub Calvin Klein.
Et moi dans tout ça ? Je me suis adaptée, pas de jogging mais je me suis mise à l’aise aussi et je me baladais en tongues. J’ai beaucoup obervé tout ce petit monde et j’en ai pris plein les yeux à travers les fenêtres du train qui avançait suffisamment doucement pour bien voir.
Le temps est passé de façon très inégale : parfois très lentement -mais cette douce torpeur dans le wagon était très plaisante-, parfois trop vite, et je dois dire qu’avec les 5 heures de décalage horaires encaissés d’un coup le 4ème jour (je n’avais pas changé l’heure de ma montre avant et Igor dans mon compartiment était resté aussi à l’heure de Moscou) je me suis retrouvée totalement déphasée. Drôle de sensation, mais c’est ce que j’attendais un peu aussi de ce voyage en train : perdre ses repères et la notion du temps, manger quand j’avais faim, me laisser porter…
J’ai eu plein de temps pour réaliser que je suis partie pour un an, et j’ai essayé de savourer chaque moment.
Ce qui rythme le plus le trajet se sont finalement les arrêts « longs » dans les grandes gares, où l’on a entre 10 et 30 min pour sortir et se dégourdir les jambes, prendre l’air (les fenêtres du train ne s’ouvrent pas vraiment) et acheter un peu de nourriture. Mais attention, 5 min avant le départ du train (toujours pile à l’heure), la provodnista veille à ce que ses ouailles soient bien remontées dans son wagon.
Les paysages se succèdent et ne se ressemblent pas : on alterne entre forêts denses, grands espaces nus, datcas et potagers aux abords des grandes villes, … Je me suis trouvée un spot sans vitre à côté du wagon restaurant, pour pouvoir prendre quelques photos, que je vous laisse découvrir.
En fait je trouve ça très beau un train, je n’avais jamais vraiment regardé avant…
Plus on s’enfonce dans la Sibérie, plus on sent que l’automne s’installe. Les feuilles étaient de toutes les couleurs, et les températures chutaient avec les heures. Partis de 19°C à Moscou samedi à midi, il faisait environ 10°C mardi soir à Ilanskaya, après Krasnoïarsk. Et 2°C avec quelques flocons de neige à l’arrivée à Irkutsk mercredi matin !!
J’ai donc dormi sur ma petite couchette, plus ou moins bien selon les nuits, mais même si le petit matelas était un peu trop fin, l’oreiller était vraiment confortable, et la couchette plus large que dans les Lunea du ski ! Et en hauteur je tenais très largement assise… mieux que chez moi !
Et j’ai mangé :
- mes provisions faites à Moscou (sandwiches, fruits, briques de lait chocolaté, soupes …) et mes « réserves spéciales » (thé St Petersbourg, purée Mousline)
- les plateaux repas apportés de façon un peu aléatoire et composés de tomates, de féculents et d’une viande ou un poisson
- les achats faits sur les quais et dans le train, et là, c’était surprise à chaque fois : pains aux oignons et chou …pour le petit dej, pain fourré… aux pommes de terre, chips saveur concombre (le légume star ici) raviolis au chou, pain au fromage… sucré
Le tout parfois acheté à des petites dames qui avaient préparé maison tout ça, sans doute parfois roulé sous les aisselles, mais c’était très bon. De toute façon quand on ne sait pas ce qu’on mange, on goûte et on ne fait pas la difficile !
Prochain article : Irkutsk et le Lac Baïkal !