Je n’ai pas croisé une seule personne qui ne soit revenue envoûtée par la Colombie. Car contrairement à ce qu'on pourrait penser, le circuit touristique est loin d’être une jungle dont les Farcs ont le monopole.
Bien sûr certaines régions sont encore à risque, mais la majeure partie de la Colombie a été « nettoyée » depuis bien longtemps et ce pays dispose d’une ressource qui n’a pas de prix : les gens.
En effet, la gentillesse, la sollicitude et l’accueil des colombiens envers les touristes est difficilement descriptible. Ce sont des regards, des sourires, la façon dont tout le monde (de l’employée de l’hostel au vendeur de légumes au coin de la rue) vous appelle « mi reina », « amor », « princesa », la façon dont le caissier du bus vous tend le bras pour vous aider à monter, ou encore les gens dans la rue qui vous accompagnent jusqu’à l’arrêt de bus ou jusqu’au bureau de poste dont vous avez demandé l’adresse, … autant de petites choses et de petites attentions en permanence, qui vous font instantanément tomber amoureux du pays et de ses habitants.
Bien sûr on pourrait penser que, comme en Asie, ils sont juste fins commerçants, mais la réalité est que même lorsqu’on n’achète rien le sourire et la volonté d’aider sont toujours là.
Cette réalité, j’ai pu la vivre dès mon arrivée à l’aéroport de Santa Marta, où le distributeur automatique n’acceptait aucune de mes deux cartes bancaires (je n’avais pas un peso colombien sur moi, arrivant du Pérou via l’Equateur) et où il n’y avait pas de bureau de change (j’ai pourtant toujours quelques dizaines d’euros et de dollars, au cas où…). Ayant expliqué mon cas à l’un des employés de sécurité de l’aéroport, il a spontanément proposé de me faire du change. Et sans mauvaise intention aucune : nous avons regardé le taux de change sur mon ordinateur (il y avait du WiFi dans cet aéroport) et il m’a changé 20 dollars, au cours du moment, sans même essayer d’arrondir ou de se prendre une quelconque commission.
Et il m’a ensuite accompagnée jusqu’à l’arrêt de collectivo, et a attendu avec moi pour être sûr que je monte dans le bon.
Et évidemment j’ai eu droit au chaleureux « Bienvenidos a Colombia » de rigueur, d’une étonnante sincérité.
Quant au jeune conducteur de collectivo, malgré ses airs de gros dur et de rebelle de la route, il avait son tableau de bord rempli de peluches !! Des vrais nounours je vous dis!
Je n’ai fait que passer à Santa Marta, le temps de goûter aux pépites de street food de la Colombie, notamment les pastels de pollo (tourtes au poulet) et les papas rellenas (boules de purée de pomme de terre, frites bien sûre, et farcies de viande… un vrai régal) en attendant mon collectivo pour le village de Taganga, à 10 minutes de là.
C’est sous un soleil de plomb et une chaleur tropicale (trop bon après quasiment 2 mois en haute altitude et souvent dans le froid !) que j’ai retrouvé Alex, qui voyageait désormais avec Jed, un australien qu’il avait rencontré quelques jours plus tôt.
L’hostel était sommaire, mais il y régnait une atmosphère particulière, et lorsque la chaleur du dortoir n’était plus tenable, il était toujours possible d’aller dormir dehors dans un hamac, pour profiter de la brise de la nuit.
Et tout, de ces hammacs un peu partout à l’attitude ultra relax des backpackers argentins qui y avaient élu domicile depuis plus d’une semaine, invitait à la détente.
De toute façon, dans le nord de la Colombie il fait beaucoup trop chaud entre 9h et 17h pour imaginer faire quelque autre activité physique que se rendre à la plage.
Au programme donc, trois activités principales :
- plage : sans être incroyables, les petites criques de Taganga étaient absolument parfaites pour se rafraîchir,
faire un peu de snorkeling -ce ne sont pas les fonds indonésiens, mais il y a pas mal de poissons, et même des hippocampes !-
observer les touristes (beaucoup de locaux)
ou encore les pêcheurs… qui allaient alimenter nos assiettes de ceviche plus tard dans la soirée
- siestas dans les hammacs
- et apéros / jeux de cartes au coucher du soleil
La belle vie quoi.
Ah oui et bien sûr l’une de nos autres occupations quotidiennes était de manger ! Essentiellement des ceviche de poisson de frais, les pieds dans le sable…
Et parfois le soir tard, quand tous les touristes étaient partis se coucher, on pouvait rester avec les locaux qui écoutaient de la musique, dansaient, discutaient, rigolaient, autour de stands de rue, de barbecues… Et bien sûr toujours en nous accueillant comme des rois. De vrais moments de bonheur.
Bien sûr, en Colombie, comme dans beaucoup de pays d’Amérique du Sud d’ailleurs, là où il y a des gringos il y a des vendeurs de substances diverses et variées. Mais encore une fois, même si on nous en propose tous les 10 mètres (surtout à Taganga en début de soirée), il n’y a jamais d’insistance, et on peut difficilement les blâmer : s’il y a autant de vendeurs dans les lieux touristiques c’est qu’il y a des clients !
Après quelques jours à ce rythme ralenti, nous avons regagné Santa Marta pour prendre un bus en direction de Palomino, un peu plus à l’est sur la côte.
Petit détail au détour d’une rue, que j’ai trouvé fort utile : sur certaines cabines téléphoniques il est indiqué combien de temps on peut téléphoner avec 100 pesos, en local, en national ou vers des portables.
Palomino se trouve un peu à l’écart du Parc National Tayrona, et est donc moins visité… et surtout il n’y a pas de droit d’entrée ! Le lieu nous avait été recommandé par l’un des argentins de Taganga, et il nous avait même indiqué un camping dans lequel on pouvait louer des hamacs.
Il s’agit d’un village le long de la route, comme il y en a beaucoup sur la côte, entre les rivières dans lesquelles se baignent les locaux.
Mais tout l'intérêt était la plage, à une quinzaine de minutes à pied de la route… le prix à payer pour se retrouver dans un endroit paradisiaque et dans lequel on se sent si loin de tout !
Plage à perte de vue, cocotiers… même sous un ciel voilé il y a de quoi se prendre pour des Robinsons.
D’autant que le camping était vraiment dans l’esprit Robinson Crusoë : pas d’électricité, pas d’eau courante…
Pour ce qui est des repas, le midi nous allions généralement au village manger notre tant aimée street food, notamment les délicieux deditos de queso, des batonnets de pâte à beignet un peu salée, cuits au four et fourrés au fromage… ça ne fait pas forcément envie comme ça (et je n’en reviens pas de n’avoir aucune photo alors que c’était mon en-cas favoris pendant tout le mois passé en Colombie !) mais c’était un vrai régal, quasiment toujours (pour ma part en tout cas) accompagnée d’un rafraîchissant Postobon Manzana bien glacé : le soda rose bonbon saveur pomme que je venais de découvrir et dont, après un mois de consommation intensive, je suis désormais en sérieux manque.
Pour le petit déjeuner et le dîner, nous rapportions au camping des victuailles (et de l’eau potable par sachets de 5 litres... Jed était souvent de corvée),
parfois accompagné d’un chien errant…
et c’était cuisine au feu de bois ! Ambiance on coupe nos buches, on fait un feu et on cuisine comme on peut, à la frontale après 19h…
Le tout dans une "cuisine" de bric et de broc, mais étonnamment c’était assez efficace !
Quant à la vaisselle, les toilettes et les douches, c’était à l’eau récupérée au puis à l’aide de seaux (à gauche, sur la photo, et les douche se sont les petites cabanes en bois sur la droite).
Eau douce certes, mais pas des plus limpides... Dépaysant !
Encore une fois, à part ces quelques occupations, pas de grande activité à part se la couler douce, jouer aux cartes, et finalement juste profiter de cette pause dans le temps.
Même pour ce qui est de la baignade, avec les courants impressionnants sur cet endroit de la côte, cela devenait vite fatigant. En tout cas trop fatigant pour nous !
Nous avons quand même passé, avec deux colombiens rencontrés au moment du dîner, une soirée dans le camping voisin (qui avait l’électricité, donc de la musique et des bières fraîches !)… où nous avons compris qu’en Colombie danser la salsa c’est une seconde nature. C’est incroyable, tout le monde a le rythme dans la peau, et les gens dansent pour le plaisir de danser, il n’y a jamais d’ambigüité ou de vieille technique de drague derrière une invitation à danser.
Bien sûr vu nos capacités à tous les trois, nous avons préféré rester assis à nous délecter du spectacle.
De chouettes journées donc, totalement déconnectés du monde, sans doute pour une des dernières fois avant mon retour à la vraie vie…
Prochain article : Cartagène et Medellin !