Après plusieurs sauts de puce en avion à travers le Brésil (Salvador-Rio-São Paulo), j’ai pu découvrir le très accueillant (sans ironie aucune… pour une fois) aéroport de Santa Cruz en Bolivie, à 1h30 du matin.
L’objectif : réussir à dormir quelques heures puis trouver une place sur l’avion de 8h pour Sucre. J’aurais pu le faire en bus, mais visiblement le voyage est un peu épique, donc dans un élan de folie j’ai décidé de me permettre les 40€ du vol. Oui oui, 40€ : bienvenue en Bolivie.
Bon à ce prix là c’est ambiance Russie 1970, mais je suis arrivée sans encombre.
Avec le choc de l’arrivée en Bolivie, tellement différente de l’Argentine et du Brésil :
- l’altitude de l’altiplano, avec ses montagnes partout et à perte de vue
- un climat (en cette saison) plus aride et une architecture des villes plus basique
- la sensation de vivre dans une autre époque, entre les uniformes officiels, les tenues traditionnelles, et tout ce qu’on peut trouver dans la rue, comme de la glace pilée à la main avec du sirop…
- et les collectivos, ces minibus locaux qui ne coûtent rien et qui sont tellement plus kiffants que les taxis !!
Quant à Sucre (prononcer "Sucré"), super jolie ville, aux bâtiments tellement blancs qu’ils éblouissent sous le soleil constant de la Bolivie.
Pas vraiment des millions de choses à faire, mais c’est un réel plaisir de s’y balader, de prendre le temps de s’imprégner de l’ambiance, de l’atmosphère détendue, de partir à la découverte des églises à tous les coins de rue
des petites places
des points de vue sur la ville, notamment Recoletta, particulièrement impressionnant au coucher du soleil…
surtout avec une bonne part de gâteau aux pommes et un délicieux jus de fruits –oui c’est ça aussi Sucre, de la super bonne nourriture à des prix défiant toute concurrence- et le tout avec un peu de musique traditionnelle, ce qui ne gâche rien
c’est l’occasion aussi de croiser des jeunes mariés (tient ça faisait longtemps)
les vrais gens, avec de vraies différences de statuts sociaux
et de voir qu’en Bolivie Volkswagen est présent non pas avec ses combis comme au Brésil, mais avec ses coccinelles !!
Et soit les habitants de Sucre ont les dents les plus étincelants du monde soit au contraire ils ont de gros problèmes de gencives, mais en tout cas tous les deux mètres on trouve un dentiste !! Avec des enseignes qui rivalisent en termes de créativité… et sinon pour les centres médicaux c’est ambiance autre siècle aussi !
Sucre, c’est aussi un super marché, dans lequel on trouve de tout, notamment des légumes ultra frais à cuisiner (avec évidemment la dose de citron vert -« limon » ici-, parce que quel que soit le plat, il n’y en a jamais trop) et des salades de fruit extraordinaires et, au risque de me répéter, pour trois fois rien
Et un cimetière hyper touchant, avec des tombeaux de la taille de petites églises pour les plus riches,
et pour les autres, seulement des petites vitrines avec des fleurs et tout un tas d’autres objets (notamment des jouets quand les défunts sont des enfants) devant lesquels les familles viennent se recueillir.
Avec une petite particularité : des cartes musicales qui diffusent dans une cacophonie assez étrange la mélodie de La lettre à Elise… après tout pourquoi pas.
Quant aux plus pauvres, pour eux seulement un coin de terrain vague avec quelques pierres tombales :
Et vous vous souvenez des cabines téléphoniques coconut à Salvador ? Et bien à Sucre on trouve des cabines dinosaures. C’est sûrement parce que non loin de la ville il reste des empruntes fossilisées de dinosaures.
Enfin, pour moi Sucre a été l’occasion de prendre deux fois deux heures de cours particuliers d’espagnol… pas un luxe après les 3 semaines passées au Brésil.
J’ai trouvé une école vachement sympa avec une prof de 20 ans qui était totalement émerveillée par mon voyage et tout ce que j’avais vu (ça fait du bien quand on est 24h/24 avec des gens qui font la même chose et qui rendent l’expérience un peu banale…), et j’ai pu rafraîchir un peu mes connaissances et apprendre les bases du passé… reste maintenant à retourner dans mes notes et à réviser un peu tout ça !
D’ailleurs, pré-retour à la réalité (?), cette école avait dans son bureau un exemplaire de l’ourson Hasbro dont le nom m'échappe mais dont j’avais fait la pub lorsque j’étais chez DDB.
Au final j'ai passé 5 jours vraiment top dans un hostel canon avec une terrasse ensoleillée, où j’ai une fois de plus fait des supers rencontres, notamment ma copine australienne Miranda, que j’allais retrouver en pointillés pendant les 6 semaines qui allaient suivre.
Je suis ensuite partie avec Phil et Barry, également rencontrés à Sucre, en direction de Potosi, la ville la plus élevée du monde (4070m).
Au-delà de l'altitude, cette ville est connue pour ses mines, dont les conditions de travail sont restées les mêmes qu’il y a 400 ans et sont proches de l’image qu’on peut se faire d’un enfer sur terre.
Il existe un film, que je n’ai pas vu, mais qui visiblement traite avec beaucoup de justesse de cet univers si particulier.
Tous les mineurs sont indépendants et s’ils acceptent ces conditions inhumaines c’est parce que cela leur permet de gagner en moyenne deux à trois fois plus d’argent, et souvent d’éviter à leurs enfants de subir cela à leur tour.
Si la visite de ces mines reste très touristique -c’est un tour d’une demi journée, on nous « déguise »
avant de nous faire traverser la ville et le supermarché des mineurs (où l’on goûte le fameux alcool à 96% et où les bâtons de dynamite sont en vente libre),
de nous expliquer le traitement chimique des minerais (machines et isolation encore une fois d’une autre temps)
puis de passer 2h dans la mine, dont l'entrée est bénie par du sang de lama et l'intérieur gardé par une statue protectrice-
cela reste un vrai choc psychologique. Une expérience qui fait sérieusement réfléchir : après 2h physiquement éprouvantes du fait de l’altitude, de la chaleur, de la poussière et du manque d’oxygène et d’espace dans les tunnels (sachant que nous, nous n’avons pas à extraire et transporter des tonnes de roches), on est tout contents de ressortir de cette fournaise…
… mais pour ces mineurs qui travaillent comme des fous jusqu’à 12 heures par jour, il s’agit de leur quotidien, il vont y retourner demain, et après demain, et après après demain, et littéralement jusqu’à ce que mort s’en suive. En effet, à haute dose les conditions décrites ci-dessus sont plus que néfastes pour la santé : le corps est soumis à rude épreuve et la poussière s’immisce dans les bronches avec des conséquences mortelles.
Enfin, il leur est impossible de descendre de la nourriture dans les tunnels (il y a 6 niveaux de tunnels sous terre : plus on descend plus la chaleur s’intensifie) car avec la poussière omniprésente cela provoquerait des diarrhées. Ils mâchent donc des feuilles de coca toute la journée, c’est aussi ce qui les fait tenir physiquement et mentalement.
A côté de tout cela, Potosi reste une très jolie petite ville avec ses rues pavées et ses superbes monuments (et toujours la montagne des mines en toile de fond),
avec ses spécialités culinaires variées, entre soupe de quinoa -LA céréale bolivienne- (un vrai délice) et gâteaux éponges recouverts de glaçage au sucre (beurk)
et pour nous un hostel hyper cosy qui nous a permis de braver le froid de l’altitude dès que le soleil se couche.
Prochain article : Uyuni !