Difficile de décrire avec des mots tout ce que j’ai vu en une semaine dans l’incroyable archipel des Galapagos… il y aura donc beaucoup de photos, âmes non sensibles aux animaux marins, s’abstenir.
En effet, on ne va pas aux Galapagos pour profiter de ses plages (même si elles sont très belles), mais pour découvrir un éco-système resté intouché par l’homme pendant des millions d’années, et qui a donc pu se développer de manière extraordinaire, avec des espèces qui n’ont pas eu à se soucier de prédateurs et qui aujourd’hui encore n’ont pas peur des hommes.
Départ donc de Quito, où l’aéroport se trouve quasiment au cœur de la ville
pour 1h40 de vol en direction de ces îles dont le nom m’a toujours fait rêver.
Après la semaine un peu (trop) calme passée entre Quito et Baños, j’ai réalisé dès mon arrivée que cette destination finale était parfaite pour terminer mon voyage de façon exceptionnelle.
Depuis l’avion l’eau était prometteuse
et cela s’est confirmé durant les 5 minutes de ferry pour passer de l’île de l’aéroport (Baltra) à l’île de Santa Cruz.
Un bus public était censé pouvoir nous conduire à Puerto Ayora, la ville principale de l’île, mais à l’heure où nous sommes arrivés, vers 12h30, le dernier bus était déjà parti et seuls des taxis nous attendaient. Etonnant, quand on sait que la plupart des avions atterrissent à cette heure-là... Comme je questionnais un type en uniforme à ce sujet, et m’étonnais de n’avoir d’autre possibilité que de payer un taxi (il y avait quand même 45 minutes de route), une femme s’est approchée et m’a demandée si j’étais seule. Comme j’ai répondu que oui, elle m’a proposée de m’emmener, gratuitement. Et il s’est avérée qu’elle était l’épouse d’un policier en service (elle-même était policière sur l’île, mais revenait d’un voyage sur le continent) et c’est donc en voiture de police que je suis arrivée fièrement à Puerto Ayora !! Ah ce que j’aime ce type d’inattendu !!
Et Kevin le propriétaire de mon hostel m’attendait, avec un panneau personnalisé me souhaitant la bienvenue. C’est trois fois rien, mais ça vous fait aimer instantanément le lieu !
D’ailleurs, même si cette maison ne payait pas de mine car elle était inachevée (mais sur l’île toutes les maisons sont « presque terminées »), c’était l’endroit parfait pour passer une semaine sur l’île : un petit studio avec 4 lits, une cuisine parfaitement aménagée (et vu les prix aux Galapagos c’est bien d’avoir sa cuisine) et une salle de bain. Le tout d’une propreté impeccable.
La maison était à 20 minutes à pied du centre, mais partout dans la ville on peut trouver des taxis, ces pickups blancs, à un dollar la course, quelle que soit la destination dans Puerto Ayora.
Et puis dès mon arrivée, Kevin (américain de 53 ans qui, pour la petite histoire, avait rencontré une locale le soir du nouvel an il y a 2 ans, alors qu’il était en escale d’une croisière organisée : il l’a épousée et est venu vivre sur l’île) m’a fait visiter la ville : parfait pour tout de suite trouver mes repères !
Il faut dire que ce n’est pas bien grand et on a vite fait le tour de la rue principale
de la place avec son terrain de volley où tous les soirs les hommes de la ville disputent de féroces parties : des paris sont tenus et ils jouent avec une balle semblable à un ballon de foot, plus lourde en tout cas qu’une balle de volley
et du petit port où sont livrées toutes les marchandises de l’île.
Et même au cœur de la ville on sent déjà que ces îles ont quelque chose de spécial. Par exemple, les pélicans sont ici chez eux : le soir tranquilles sur le port, ou le matin sur le marché aux poissons quand ils attendent les restes !
Marché sur lequel on trouve de magnifiques et énormes langoustes, pour 10 à 15 USD l’unité.
Il va sans dire que je n’ai pas laissé passer cette chance et je me suis payée un petit extra (en négociant un peu le prix, bien sûr!) pour l’un de mes dîners :
> avant
> après 10 min dans l’eau bouillante…
… sympa les dîners de backpacker de luxe !! Je n’en ai pas laissé une miette, les pinces et la moindre patte y sont passées.
Dès la première après midi j’ai pu organiser mon séjour.
Avec 6 jours et un budget un peu limité (tout est relatif bien sûr), j’ai choisi de ne pas embarquer sur une croisière (alors qu’il y a de bons deals de dernière minute une fois sur place), mais de me balader soit par mes propres moyens, soit avec des tours d’une journée. Il faut dire aussi que je voulais absolument pouvoir plonger -c’est aussi dans cette optique que j’avais passé mon certificat Open Waters en Indonésie- et pour cela il me fallait un peu de temps libre.
J’ai donc commencé par une visite de Tortuga Bay, tout à coté de Puerto Ayora. Contrairement à ce que son nom suggère, on ne trouve pas de tortue sur cette plage, mais c’était une bonne introduction aux Galapagos.
Un chemin d’une quarantaine de minutes, à travers une forêt de cactus endémiques dont les troncs ressemblent à des arbres, et d’arbres qui ont l’air morts mais ne le sont absolument pas
mène à une plage d’une blancheur éblouissante.
Les photos ne rendent pas vraiment aussi bien que la réalité, d’autant que le temps s’est couvert d’un coup et que j’ai eu droit à une petite averse. Et oui, c’est la saison des pluies en ce moment… Mais j’ai eu beaucoup plus de chance tous les jours qui ont suivi.
Cela ne m’a pas empêchée d’avoir mes premiers tête à tête avec des iguanes,
des petits pinsons de Darwin pas timides du tout,
des crabes aux couleurs flamboyantes et pourtant tout ce qu’il y a de plus commun partout sur l’archipel
et même quelques poissons, le temps d’une baignade dans la mangrove un peu plus loin.
Pour une première journée j’étais déjà comblée et je me suis couchée tôt pour pouvoir profiter à fond de ma journée de plongée du lendemain.
Après un briefing sur le bateau, une « check dive » de 5 minutes à 5 mètres pour vérifier que tout le monde était à l’aise avec l’équipement -notamment les poids (avec une combinaison intégrale de 7mm ça change de mes plongées en Indonésie ou sur la Grande Barrière de Corail !)- et faire les deux exercices de base (nettoyage du masque et changement de détendeur), nous nous sommes lancés à l’assaut des fonds marins, sur le site de Seymour, au nord de Santa Cruz.
Je n’avais jamais, dans ma petite vie de plongeuse (seulement 7 plongées à ce moment-là !) vu autant de poissons en même temps :
Malheureusement la visibilité aux Galapagos n’est pas réputée pour être bonne, et effectivement à 18-20 mètres ce n’était pas terrible.
Mais ça fait partie des aléas de la plongée et ça ne m’a pas gâché le plaisir, d’autant que j’ai pu voir passer furtivement des otaries,
m’approcher de requins à pointe blanche (pas du tout intéressés par les humains)
et découvrir une espèce endémique : un gros poisson avec des pattes de crustacés et des sortes d’ailes…
Avec tout ça j’étais bien contente. Ben oui j’ai toujours l’air un peu demeurée sous l’eau. Surtout lorsque je fais le signe qui signifie « on remonte à la surface » au lieu de faire le ok du plongeur…
Bon je n’ai pas l’air beaucoup plus maligne une fois remontée sur le bateau, mais au moins j'étais ravie de ces deux premières plongées !
Pour ma deuxième journée de plongée, quelques jours plus tard, nouveau groupe
et nouveau site : Gordon Rocks, célèbre pour ses requins-marteau, qu’on ne peut pas manquer à cet endroit.
Et pourtant, le jour de notre passage nous n’en avons pas vu un seul !!
A croire que le petit tigre, pour sa première plongée, leur a fait peur. Il faut dire qu’à près de 30 mètres de profondeur il était plutôt à l’aise.
On s’est quand même régalés au milieu des tortues
des raies aigles sont passées à quelques mètres de nous à peine… magnifique...
mais surtout, sur le chemin du retour en bateau, de quoi nous faire largement oublier la déception des requins : le capitaine du bateau s’est arrêté car il a vu des baleines !! Je suis montée sur le toit avec le dive master, on a commencé à prendre des photos, elles étaient énormes (des baleines pilotes de plusieurs mètres de long) et au moins une dizaine, et elles n’étaient pas du tout gênées par le bateau !
Le dive master m’a demandé si je vous aller à l’eau, j’ai dit oui bien sûr (dans ces cas-là on ne se demande pas si l’eau est à 20°C ou si les baleines sont quand même super grosses !!), il m’a tendu un masque et j’ai sauté à l’eau ! Incroyable !!! Impressionnant, beau, inattendu, je ne trouve pas les mots pour décrire cette expérience hors du commun.
Au bout de quelques minutes le reste du groupe ma rejointe et nous avons passé plus de 10 minutes comme ça, à suivre les baleines et nager avec elles !! Décidément, quelle chance j’ai eu… je n’en reviens toujours pas ! D’autant que visiblement c’est plutôt très rare.
Pour fêter ça nous nous sommes arrêtés au bord de la route pour acheter de la nourriture à des petites mamies : je n’ai pas bien compris ce qui était dans l’assiette,
mais c’était bien du sucre sur les empanadas au fromage… mélange surprenant mais très bon !
Pour aller sur Isabella, un peu plus à l’ouest, j’ai pris un tour d’une journée, que j’ai prolongé en restant sur l’île quand le groupe est reparti vers 15h, et j’ai repris un autre bateau le lendemain.
Sur cette île j’ai pu voir quelques pingouins au loin (si près de l’équateur !!!), mais de beaucoup plus près des dizaines et des dizaines de bébés iguanes qui se tenaient au chaud sur le sable en plein milieu du chemin !
Encore une fois, pas plus impressionnés que ça par les humains !
Nous avons pu observer de nouveaux requins à pointe blanche, bien tranquilles jusqu’à ce qu’une otarie un peu peste vienne les embêter un à un
et plus loin lorsque nous nous sommes arrêtés dans une sorte de lagune pour faire un peu de snorkeling, j’ai pu nager près des iguanes marins,
puis avec une tortue ! C’est la première fois que je pouvais en approcher une d’aussi près, et sans tout l’équipement de plongée sur le dos c’est encore plus sympa !
Après un déjeuner où j’ai découvert qu’en Equateur on met du pop corn -salé bien sûr- dans la soupe (leur version des croutons, et c’est très bon !)
nous sommes allés voir des flamands roses
et une réserve des fameuses tortues géantes des Galapagaos : avec des mamies de 90 ans et des petites jeunes encore au jardin d’enfants.
J’ai ensuite eu du temps pour moi (les groupes ça va bien un moment…) pour profiter du calme d’Isabella : quel contraste par rapport à la très touristique Puerto Ayora ! Ici, pas de magasin de souvenirs, pas d’agences touristiques, pas de dive shop et pas de supermarché ! Seulement quelques rues bordées de palmiers,
quelques tiendas pour acheter quelques provisions, une toute petite boulangerie avec des pains au chocolat trop bons : une sorte de pate à beignet saupoudrée de chocolat en poudre et roulée
et une église modernes avec des vitraux assez étonnants : pas de figure biblique ou de chemin de croix, mais un flamand rose, un oiseau à pattes bleues et un pingouin ! Les Galapagos quoi…
Mon hostel, super clean avec une chambre pour moi toute seule était à deux pas de la plage
et j’ai passé 24h de rêve sur cette île à profiter du beau temps,
à m’émerveiller devant les iguanes si peu farouches (toutes ces petites têtes noires sur les rochers sont autant d’iguanes qui se fondent sur les pierres volcaniques)
et à observer une énorme raie dans une autre lagune, après avoir enjambée une otarie qui se prélassait au soleil sur la plateforme d’accès à l’eau.
Le soir j’ai fait un petit tour à l’hôpital (pour une fois pas pour moi et heureusement vu la tête du bâtiment), pour accompagner l’allemande qui partageait ma chambre et vomissait tripes et boyaux après une pizza visiblement un peu douteuse… Le lendemain elle partait en croisière de 5 jours sur une mer réputée agitée…
Dernière étape pour moi : l’île de San Cristobal à l’est de Santa Cruz et à quelques heures de bateau.
La petite ville est plus petite que Puerto Ayora
et les otaries y sont chez elles : sur les bancs le long de la rue principale
sur la plage… trop mignonnes on dirait des peluches. Visiblement elles étaient crevées après être allées se nourrir dans l’océan. Même après quelques jours je n’en revenais pas qu’elles soient si proches des hommes à l’état sauvage !
De nouveau, snorkeling avec les tortues mais cette fois-ci dans une eau super claire
et malgré plusieurs tentatives je n’ai pas réussi à faire un auto-portrait avec l’une d’entres elles, pourtant ce n’était pas faute de pouvoir les approcher.
Sur un autre site de snorkeling nous avons vu quelques tortues encore mais dans une eau assez trouble. C’était vachement bien quand même, nous étions portés par le courant le long d’un gros rocher, avec plein de choses à voir :
Et en surface, les fameux oiseaux à pattes bleues, façon j’ai mis les pieds dans un pot de peinture !
Mais à chaque retour sur le bateau il fallait s’envelopper dans nos polaires et nos vestes car il caillait quand même un peu. L’air de rien, la veste jaune fait une ultime apparition. Et j’en profite Béren pour te dire que la montre a fait son job jusqu’au bout. Il va falloir que je la démonte pour changer l’heure, mais elle marche toujours !
Et bouquet final, nous nous sommes arrêtés dans une petite baie où une otarie est venue jouer dans l’eau avec nous jusqu’à épuisement. C’est nous qui étions épuisés et transits de froids, elle était tellement joueuse qu’elle aurait pu continuer.
C’était trop drôle, elle nous tournait autours, se mettait sur le dos et nous fonçait dessus, et à quelques centimètres du masque elle nous évitait !
Mais quand nous l’avons quittée elle a trouvé une raie à embêter.
Des journées et des rencontres toutes plus incroyables les unes que les autres, et pour lesquelles je ne regrette vraiment pas d’avoir racheté un appareil photo waterproof !
Un sac à faire pour la dernière fois
un tupper à l’aéroport et l’occasion d’utiliser enfin -le tout dernier jour- les baguettes que j’avais achetées à Shanghai en me disant qu’elles me seraient sans doute bien utiles à un moment où à un autre (comme quoi il ne faut pas désespérer!)
et je suis montée dans l’avion, pour plusieurs vols avant de terminer définitivement mon voyage. Je crois qu’à ce moment je n’avais pas encore bien réalisé…
Ah ! et pour ses nombreux fans, le p’tit tigre rentre également entier de ce long périple !
Cet article ne sera posté qu’après mon retour car je n’ai pas de connexion à l’aéroport de Madrid (cela fait aussi partie du dur retour à la réalité : dans les pays les plus pauvres l’accès gratuit au WiFi est généralisé, même à l’aéroport des Galapagos en plein milieu de l’océan, mais dans un grand aéroport européen il faut payer pour se connecter…), mais il aura été bouclé avant que je n’atterrisse sur le sol français !
Je suis contente d’avoir tenu la distance à cet égard aussi, car parfois j’ai eu l’impression d’être punie à faire mes devoirs… ou alors que je n’arriverais jamais à rattraper le retard accumulé.
Mais au final j’ai eu grand plaisir à partager mon expérience, et surtout je dispose maintenant, en plus de tous mes souvenirs inoubliables, d’un beau condensé en mots et en images de ces 357 jours autour du monde.
C’est un rêve qui s’achève, mais je suis bien décidée à me fixer de nouveaux projets, dans quelque domaine que ce soit, et à les accomplir. Ce retour ne doit pas être une fin en soi : moi aussi j’ai envie de croire que le meilleur reste à venir !