Après l’Australie, la Nouvelle Zélande.
N’ayant finalement pas pu aller à Fiji en raison du mauvais temps (même si à ce moment là je ne le savais pas encore), cette destination aura été la plus éloignée de « chez moi ». Je mets des guillemets car ces temps-ci j’ai du mal à savoir où est vraiment mon chez moi, ou du moins je n’arrive plus vraiment à m’imaginer dans ma vie d’avant, tout me semble si loin… Toujours est-il que lorsqu’on regarde un globe terrestre, la Nouvelle Zélande, en particulier le Sud, se trouve être à l’opposé de la France.
Etant partie depuis déjà longtemps et n’ayant eu que quelques heures d’avion depuis Sydney, Christchurch ne m’a pas tellement donné une impression de bout du monde (plutôt une impression de fin du monde mais je vais y revenir). En revanche, pour Benoît et Manu, qui m’ont rejoint depuis Paris, cela n’a pas du être la même histoire. Et pourtant, quand ils sont venus me chercher à l’aéroport, après avoir géré la location du van, ils avaient l’air super en forme.
Qui dit van dit de nouveau un road trip, mais un peu plus long cette fois-ci, et aussi un peu plus roots qu’en Australie ! Changement de décor, changement d’acteurs… les présentations s’imposent !
Tout d’abord le van : rien à voir avec une maison sur roues, non cette fois-ci c’était plutôt du genre compact.
Et vintage (pour ne pas dire vieillot).
En même temps le moteur en était à son 6ème tour (ou alors c’était le 6ème moteur ?) mais en tout cas nous avons passé en grande pompe la barre des 585 000 km (le compteur n'allait pas au-dessus de 99 999) :
L’extérieur annonçait la couleur (sans jeu de mot) : un chamarré de orange et de marron sur fond blanc (à peine salissant),
avec un nom plus qu’explicite « Budget Campers » et une devise « Low rates, all day, every day ».
Bref du bien cheap, mais sans aucun regret, car notre van était carrément plus fun que tous les Juicy, Spaceship et autres Britz que nous avons pu croiser ! Et franchement, n’avait-il pas une forme trop sympa ?
La cabine était parfaite (bien qu'un peu raide sur le siège du milieu) puisqu’on pouvait être tous les 3 à l’avant… plus sympa quand on sait qu’on a fait plus de 6000 km… mais du coup quand même un peu raide sur le siège du milieu, très vite rebaptisé "la planche à pain" -c'est sans doute ça qui nous donne cet air un peu coincé sur cette photo.
Quand à l’intérieur, bon, il fallait passer outre la déco… très orange et bleu sale… et puis l’odeur de vieille moquette, on s’y fait très bien.
Mais honnêtement nous avions tout ce qu’il fallait :
- un super garde manger, avec placards et frigo… en réalité pas si grands que ça donc il fallait souvent aller au supermarché pour faire le plein, mais plutôt bien foutus
- un coin salon avec table et banquettes… pour le petit dej dans les endroits un peu frais, et pour l’apéro et le dîner parce que la nuit tombait vite
- le soir ce petit coin douillet se transformait en lit, et surprise, une mezzanine se dépliait comme par magie (bon en réalité plus que de la magie il s’agissait tous les soirs d’une chorégraphie bien huilée qui impliquait une grande préparation puisqu’une fois tout le bazar déplié il restait environ 50 cm² en dehors des lits)
- et puis nous avions également une gazinière et un bel évier
mais bon, pas très grand et avec une réserve d’eau limitée, donc c’est vrai que nous avons pris la fâcheuse habitude de faire notre vaisselle dans les toilettes publiques… la grande classe !
- au dessus de la cabine, notre grenier où l’on rangeait la table de jardin (si si), les chaises et les bouillottes (j’y reviendrai aussi)
-et même une petite table d’appoint qui se dépliait à l’extérieur du van, hyper pratique pour la préparation des sandwiches façon Taylor
- avec bien sûr le barbecue qui va bien, indispensable pour un déjeuner 4 étoiles dans un décor de rêve
Bon en revanche il est vrai que lorsqu’il fait mauvais… tout d’un coup l’espace intérieur semble bien petit…
et oui c’est ça aussi la vie en plein air, parfois il faut savoir dégainer le poncho de pluie !
Nous avons aussi appris à comprendre la signification de certains voyants lumineux sur le tableau de bord… comme le petit chapiteau orange qui s’allumait quand le moteur avait besoin d’eau, c'est à dire à peu près tous les 2 jours.
Merci au gentil monsieur de la station service de Dunedin, car sans lui je crois que nous serions encore en train de regarder le moteur d’un air plus que dubitatif…
Après quelques crises de rire (de panique ?) quand on déclenchait pour la 5ème fois d’affilée les essuie-glace au lieu des clignotants, et que la 3ème ne voulait décidément pas passer -conduite à gauche oblige, qui plus est avec un boitier de vitesses manuel-, nous n’avons eu plus qu’à gérer les bizarreries des routes néo-zélandaises, comme par exemple ce rond point traversé par des voies de chemin de fer…
pas de stress, il n’y a qu’à suivre ce qui est indiqué sur les panneaux…
De nouveaux acteurs aussi, avec dans les rôles principaux Ben, Manu et moi, fidèle au poste depuis 6 mois à ce stade de mon voyage, et ravie de les retrouver après si longtemps !
Et quelques rôles secondaires, notamment le P’tit tigre, plus que jamais dans l’aventure
et un invité surprise que nous n’avons malheureusement pas eu la chance de voir, mais que nous avons entendu et qui s’est bien régalé dans notre garde manger : Riton le rat.
Enfin on imagine que c’était un rat, ou en tout cas un rongeur (sans doute petit d’ailleurs car nous n’avons jamais compris comment il avait pu se faufiler dans le van et plus précisément dans nos placards), vu les marques de quenottes trouvées dans notre pain, notre beurre et un paquet de pâtes, alors que nous préparions notre petit déjeuner quelques jours à peine après avoir commencé le trip. Autant dire que Riton, même si nous n’avons aucune certitude sur la date de son arrivée ni celle de son départ, nous aura hantés toute la fin du trip. Le mot est un peu fort, mais nous avons quand même dû mettre en place moult ruses, leurres et autres barricades pour protéger nos vivres tout au long de notre périple.
Et puis il y a eu un passage éclair de Basil, notre basilic en pot (oui, on donne des noms aux peluches, aux animaux, aux plantes, je ne vois pas du tout de qui ça vient)… mais malheureusement l’Aerogard (spray anti-moustique à peine agressif) aura eu raison de lui, et quand il a commencé à avoir des taches bizarres sur ses feuilles nous avons arrêté de le consommer et nous avons décidé de le remettre en terre dans un camping. Une bien belle cérémonie.
Malheureusement Manu aura sûrement eu raison en prédisant que le proprio allait sans doute lui passer un coup de tondeuse dessus dès le lendemain en n’y voyant qu’une mauvaise herbe.
Quant au décor, fini le désert australien, et bienvenue dans les grands espaces de cet autre bout du monde !
3 semaines de vie au plus proche de la nature.
Déjà parce qu’en Nouvelle Zélande, même sur les routes principales on a l’impression d’être au milieu de nulle part.
Et aussi parce que profiter de la Nouvelle Zélande en van c’est aussi expérimenter soit le camping sauvage (autorisé quasiment partout), soit le camping dans des lieux aménagés mais des plus basiques et perdus au milieu de nulle part
généralement des toilettes sèches (un trou dans le sol avec un siège histoire de faire un peu plus propre), et dans le meilleur des cas une arrivée d’eau non potable (mais ce n’était pas systématique).
Et même s’il était franchement agréable de prendre une bonne douche après 3 ou 4 jours (ah, mais ils sont sales ils ne se douchaient jamais !!) et bien le fait de se laver les dents sous les étoiles tous les soirs, sans un bruit, sans une lumière, et d’avoir l’impression de faire partie d’un petit groupe de privilégiés avec les quelques autres vans qui partageaient le spot (ou pas d’ailleurs) valait largement ce léger désagrément.
Et se lever chaque jour au bord d’un lac, de la mer ou dans une forêt perdue dans la montagne aussi !
Et puis le rationnement en eau et en électricité quand nous arrivions au 3ème ou au 4ème jour d’autonomie étaient finalement plutôt marrants !
Et avec du recul, les quelques nuits archi-glaciales (l’isolement du van serait peut-être à revoir un peu…) et ce malgré les couettes, couvertures, sac de couchage, calçons longs, manches longues, chaussettes et même bouillotes, ne m’empêcheraient pas de refaire tout pareil si j’avais la chance de recommencer l’expérience !
Prochain article : Nouvelle Zélande, l’île du Sud !