Parce que l’atmosphère de la côte caraïbe, sa vie au ralenti sous la chaleur de l’été (et oui, en remontant en Colombie j’étais repassée dans l’émisphère nord, donc en plein été !) était loin d’être déplaisante, Alex et moi avons décidé de descendre un peu plus au sud pour découvrir Cartagène, connue pour être l'une des plus belles villes de Colombie.
Jed est quant à lui resté au nord, où d’autres aventures l’attendaient un peu plus à l’est encore.
Heureuses coïncidences des voyages, nous l’avons recroisé par hasard dans une rue de Cartagène quelques jours plus tard : brûlé par le soleil du nord, il s’était résolu à passer quelques jours loin des plages.
Cartagène est fidèle à sa réputation, en tout cas pour ce qui est de la vieille ville : puisque nous avons été enchantés par l’ambiance, les couleurs, la vie du centre historique, nous n’avons même pas mis les pieds dans la partie plus récente de la ville. Il faut dire que la modernité que nous avons aperçue de loin ne nous a pas vraiment tentés.
En effet, ce qui à mon sens fait tout le charme de la Colombie (et des autres pays visités récemment) c’est tout ce qui est différent de mon "quotidien" (qui à la fois me paraît à des années lumières et pourtant se rapproche dangereusement) : je n’ai pas envie de voir des immeubles flambants neufs, des quartiers d’affaires, des centres commerciaux et des chaînes de fast food, je les retrouverai bien assez vite à mon retour.
En revanche les petites rues pavées, les immeubles colorés, les façades déformées par le temps, je ne m’en lasse pas.
D’ailleurs ces petites rues du centre historique m’ont un peu rappelé la Crête, et notamment Chania (si mes souvenirs de 2009 ne sont pas trop déformés à ce stade), avec ces balcons, ces murs jaunes et les plantes grimpantes qui apportent un peu de fraîcheur.
Avec en plus les places animées par des musiciens, des danseurs,
des bâtiments splendides
et bien sûr tous les vendeurs de rue ! Et je ne parle pas des vendeurs de souvenirs (assez peu présents finalement), mais des vendeurs de la vie de tous les jours, pour les colombiens principalement, parce que c‘est comme cela qu’ils vivent, dans la rue :
- fruits frais
- limonades glacées : un citron vert fraichement pressé dans un verre, puis quelques louches de cette limonade gardée ultra fraîche grâce à de gros pains de glace... et Alex, consommateur assidu, n'a pas été malade une seule fois (ou alors il a fait le fier et ne m'a rien dit)
- brochettes
- ou encore arepas (galettes tendres à base de maïs) garnies de fromage fondu
Grand plaisir dans cette ville aussi (parce que parfois ça tient à très peu de chose), toujours sous 35 à 38°C : engloutir des sachets d’eau glacée de 350ml. Nous n’avons vu aucun touriste les acheter, ces sachets d’eau n’étaient pas sur le devant des vitrines, et pourtant c’est ce que consomment les locaux. De la bonne eau fraîche, certes pas dans une bouteille refermable, mais beaucoup moins chère et dans un format parfait pour étancher la soif.
Bon c’est sûr qu’au niveau du style ce n’est pas trop la classe, mais honnêtement ces sachets devraient exister partout !!
Si l’après midi il était agréable de passer du temps près de l’océan
c’est surtout le soir qu’il était agréable de se balader, lorsque le soleil se faisait plus doux
avant de se coucher sur la ville.
Et hop ! une petite photo de mariage, ça faisait longtemps. Bon en même temps eux ils posaient pas mal, c’était peut-être un shoot pour un catalogue.
Et le soir, une agréable brise se mettait à souffler : pas un air froid, juste une agréable brise tiède, qui nous permettait de rester en shorts, t-shirts et tongues mais qui donnait la sensation d’estomper un peu la chaleur.
C’était le moment parfait pour profiter d’une autre particularité des villes du nord de la Colombie (et donc dont le climat est chaud) : à la nuit tombée, les gens se réunissent dans la rue, sur les trottoirs, à côté des tiendas -ces petits magasins au coin de la rue où on trouve un peu tout, notamment des boissons fraîches-, sur les places, pour boire une bière, jouer de la musique et chanter, jouer aux cartes, au ballon, aux échecs ou tout simplement discuter dans cette bonne ambiance.
Tout près de notre hostel, il y avait justement une de ces places, investie par les locaux chaque soir,
- avec des vendeurs de rue : de délicieux hotdogs notamment
- un petit monsieur qui tous les soirs regardait sa télévision sous un grand arbre
- des chiens errants, mais pas les chiens affreux et agressifs du reste de l’Amérique du Sud : des chiens sympas qui vivaient leur vie, n’importunaient pas les gens, et se contentaient des quelques caresses qu’ils pouvaient récolter ici et là (en plus d’un petit morceau de nourriture). Car pour la première fois en plusieurs mois, les chiens n’étaient pas battus par les humains, mais semblaient cohabiter sereinement avec eux. Pour autant, dans le nord, aucun chien en laisse. Cela reste des chiens de rue, pas des animaux de compagnie.
Alors nous avons fait comme tout le monde : nous avons passé nos soirées sur cette place, à manger, jouer aux cartes et bien sûr parler avec les locaux. Pas un soir sans qu’au moins une ou deux personnes, intriguée de nous voir nous fondre dans la masse ne vienne nous parler. Et quand ils voyaient que nous parlions un peu espagnol, ils étaient aux anges ! Ah que c’est agréable de voyager dans des pays où le tourisme de masse (dont quelque part je fais aussi partie…) n’a pas encore fait ses ravages !
Vous l’aurez compris, cette ville dans laquelle je me suis trouvée si heureuse gardera une place toute particulière parmi mes souvenirs de voyage.
Un bus de nuit plus tard, autre ambiance à Medellin, en pleine préparation de son festival annuel, le Flower Festival, et qui commençait donc à faire le plein de touristes, colombiens en grande majorité.
Nous avons eu une chance folle de trouver de la place dans un hostel absolument superbe, sûrement le plus beau et le plus classe de tout mon voyage.
Il faut dire qu’on a pas mal cherché, avec quelques pauses hamac entre deux adresses… il ne s’agirait quand même pas de se tuer à la tâche.
Changement de décor donc, avec tout d’abord un métro… bizarre après quelques mois dans les Andes !!
Mais pas de panique, on est bel et bien en Amérique du Sud : même dans cette grande ville les gens se réunissent pour jouer de la musique, et bien sûr danser !
Et ce à tout âge !! Ce n’est pas encore la folie Salsa de Cali, mais on sent définitivement que tout le monde a ça dans le sang.
Dans cette ville, tout est grand : les immeubles,
la cathédrale,
les bâtiments qui nous donnent l’impression d’être en plein Alice au pays de Merveilles,
le nombre de taxis
et il y a même un téléphérique pour atteindre l’un des quartiers dans les hauteurs de la ville (pas une favella, mais franchement pas le plus favorisé de Medellin)
. Ambiance ski… en ville. Oui ça commence un peu à me démanger après un an et demi loin des pistes...
D’ailleurs, super moment dans ce quartier très populaire : les enfants et les jeunes semblaient ne pas être habitués à voir des touristes à la peau et aux cheveux clairs, et quand ils nous ont entendus parler, tout un groupe s’est formé autour de nous ! Ils voulaient parler anglais avec nous, m’entendre parler français et ils étaient tout contents que nous puissions aussi échanger quelques mots en espagnols avec eux.
Et tout le monde nous regardait, nous souriait, nous interpelait… on avait vraiment l’impression d’être l’attraction du moment, au cœur de ce quartier familial. C’est chouette quand les rôles sont en quelque sorte inversés. C’est bien de se rappeler que les étrangers, ce sont nous.
Et puis l'occasion de goûter aussi à la version made in Medellin des arepas, avec une squantité pas possible d'une sauce sucrée un peu bizarre. Mouais, pas emballée plus que ça.
Et en haut vue époustouflante bien sûr, comme dans toutes ces villes entourées de montagnes.
Et puis tous les détails qui continuent de m’étonner ou de me faire sourire :
- la vendeuse ambulante de fruits qui hurle ses prix dans son micro
- les vendeuses (la plupart du temps se sont effectivement des femmes) de « minutes » de téléphone portable : tous les colombiens ne possèdent pas un téléphone portable, et quand ils ont besoin de passer un appel vers un portable, plutôt que d’utiliser une cabine téléphonique ils ont recours à ce service, et paient à la minute. Ces vendeuses qui annoncent le prix à l’aide de dossards bien visibles ont plusieurs téléphones, en fonction des opérateurs, et il n’est donc pas rare de voir une ou plusieurs personnes utiliser dans la rue ces portables généralement sécurisés par une chaine ou une cordelette.
- des panneaux qui indiquent une église… à environ 40 centimètres d’une église, des fois qu’on n’ait pas bien compris
- ce dessin sur un rideau métallique de magasin : « interdit aux voleurs » !
Medellin, c’est aussi et surtout la ville du peintre et sculpteur Botero : une place entière lui est dédiée -c’était assez marrant de regarder tous ces enfants jouer naïvement au toboggan sur cette femme nue-
et un peu partout on voit des artistes en herbe peindre « à la manière de » Botero.
Je préfère ses sculptures, mais plus tard à Bogota en passant un peu plus de temps dans un musée je me suis surprise à finalement aimer de plus en plus ses peintures. Photos dans quelques articles…
Il faut savoir que las habitants de Medellin sont particulièrement fiers de leur ville, et que celle-ci est reconnue comme étant la plus accueillante de Colombie, par les colombiens eux-mêmes (et pas seulement ceux de Medellin !). L’une des enseignes de supermarchés de la ville, Exito, a d’ailleurs organisé une sorte de jeu de piste grandeur nature, avec de grandes lettres métalliques disséminées un peu partout dans la ville et formant un message mystère, et sur lesquelles les habitants ou touristes étaient incités à décrire pourquoi ils aiment tant cette ville.
Nous nous sommes pris au jeu, et c’est comme cela que nous avons découvert des quartiers et des lieux que nous n’aurions sans doute pas vus, le guide nous incitant à rester dans le centre. Non pas pour une question de sécurité, car mis à part un certain « Barrio triste » qui portait bien son nom et dans lequel nous ne sommes restés que le temps de comprendre que c’était un no man’s land de junkies, donc pas vraiment pour nous..., tous les endroits que nous avons vus avaient l’air parfaitement sûrs.
Une place étonnante, la Paza de las luces, car tous ces grands poteaux étaient en fait recouverts de petites lumières le soir
avec un ciel incroyable quand nous y sommes passés
le quartier économique et politique
des petits bijoux d’architecture moderne (à mon sens bien sûr, c’est sans doute très subjectif... Dudu pas de jugement!)
et des sortes de bacs à sable géants où on était invités à marcher pieds nus afin de ressentir l’énergie de la planète. Pas sûre d’avoir senti l’énergie, mais c’était marrant.
D’autant que je n’ai pas précisé que Medellin est réputée pour son printemps éternel : il n’y fait jamais froid, pour autant jamais trop chaud, et les averses sont de courtes durées. Le temps idéal pour visiter une ville.
Sans sac bien sûr, depuis le Brésil j'ai pris l'habitude de n'avoir que l'essentiel avec moi, et tout sur moi!
Enfin, comme à Rio, le hasard des emplois du temps (enfin si on peut parler d’emploi du temps pour moi) a encore une fois bien fait les choses, puisque Manu est passé à Medellin quand j’y étais. Il venait de terminer une mission à Bogota, et prolongeait son séjour en Colombie. Contrairement à Rio nous n’avons pas fait un week-end marathon des grands classiques de la ville, mais nous avons passé trois soirées ensemble, soit au resto
soit à l’hostel : pour achever de le convaincre de la bonne ambiance qui peut y régner, et de façon plus pragmatique pour y cuisiner et faire quelques économies (dur dur de tenir le budget jusqu’au bout !)
soit à la colombienne, c'est-à-dire sur une place avec une bière fraîche achetée dans la tienda du coin.
Encore une fois de supers bons moments avant de repartir nous vers le sud et lui vers le nord !
Prochain article : Salento et Cali !